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Elles se donnent des recettes de fouace.
Aaaaaah, la fouace....J'ai plein de choses à vous raconter à son propos.
D'abord vous dire que j'ai pris la recette chez Manue.
Quelques discussions sur facebook, et hop, me voilà en train de faire la connaissance d'une pâtissière chevronnée et qui sait ce qu'est une fouace (deux énormes qualités donc!). Elle m'avait repérée grâce à la rissole qui figure sur mon blog. Comme quoi, il suffit de rien !
Ah, la connection aveyronnaise.....
Et à peine quelques instants plus tard, me voilà en train de préparer la pâte pour ma première fouace maison.
J'ai quand même eu un instant de doute sur le type de farine. Emmanuelle a répondu qu'en bonne Aveyronnaise, elle mettait la moins chère. Là, j'ai su que je tenais la bonne recette.
La fouace, pour nous, comment vous dire... c'est quasiment inscrit dans nos gènes. Si ce n'était pas aussi compact, on nous en mettrait dans le biberon. Mais comme c'est compact, ce n'est pas possible.
J'ai dit "compact".
J'aurais pu dire "dense".
"Très dense".
Oui, certes, le terme n'est pas très vendeur, mais c'est ce qui fait tout son charme.
Enfin, pour bien vous rendre compte, imaginez-vous une brioche pour l'aspect.
Par contre, si vous appuyez légèrement dessus, vous allez vite voir la différence. Nulle trace de doigt ne risque d'apparaître !
(Il existe aussi de la fouace briochée, mais selon moi, ça n'a aucun intérêt. Ca doit être pour les touristes !).
Moi, j'adoÔÔÔOOore. Je pourrais en dévorer une entière, comme ça, sans boire une goutte d'eau. Matin, midi ou soir. De toutes façons, chez les Aveyronnais, il y a toujours un bout de fouace qui traîne. (Pas bien loin de la saucisse sèche. C'est le concept du kit de secours rouerguat.)
Mais je dois bien avouer qu'un bout de fouace avec un café, c'est délicieux aussi.
Tant que ça finit par se coller au palais quand on mâche, c'est que c'est bon !
Nous, on la trempe parfois (chuuuuut) ; faites quand même attention de ne pas vider votre bol d'une seule traite....
Et puis c'est bien une recette aveyronnaise : avec quelques oeufs (pas trop, ça coûte cher), un peu de lait (pas trop, ça coûte cher), un peu de beurre (pas trop, ça coûte cher), un peu de sucre (pas trop, ça coûte cher) et de la farine (beaucoup, car ça coûte moins cher que le reste), on obtient une fouace gigantesque qui peut nourrir une famille de douze pendant une semaine.
On est trop forts, nous les Aveyronnais !
Bonus : je vous remets ici un descriptif de nos spécialités, auquel j'avais participé il y a quelques années. Tout est scandaleusement vrai !
L'Aveyronnais voue un culte à la nourriture (et au porte-monnaie aussi...), grasse de préférence. On peut notamment noter comme spécialités :
- Les farçous: de l'herbe, du lard, des œufs et un oignon (un peu de farine aussi)
- Le tripou (panse d'agneau) : Cette recette à base de tripes d'agneau dégage une forte odeur, juste assez forte pour éveiller en douceur les sens du brave Aveyronnais au petit matin. S'ils ne sortent pas de la maison Charles Savy, c'est qu'ils sont pas bons. C'est comme ça.
- L'aligot : Ancêtre de la purée au fromage. Composé de patates, de crème fraîche, et de tome (sorte de Cantal de Laguiole, donc meilleur). L'aligot a l'étrange propriété de panser l'estomac, et aussi de très bien colmater les fissures dans les murs. Se consomme généralement avec un morceau de saucisse et quelques litres de Marcillac.
- Le Marcillac : Vin pas terrible. Le plus difficile est de faire passer le premier verre, après ça va tout seul. (Ce vin semble être le seul à avoir la vertu d'empêcher que l'aligot n'adhère définitivement à la paroi de l'estomac.) Il faut aussi ne pas oublier de se méfier du Marcillac car il possède l'étrange spécificité de coller les joues aux dents... (cette qualité étant tout de même revendiquée par le vin de Broquiès...)
- La soupe au fromage (ne se mange qu'avec une fourchette) : Autre pansement au ventre. Fameux au petit déjeuner, surtout quand le Marcillac a un peu trop coulé la veille. C'est du pain et du fromage. On met un peu de bouillon, mais pas trop !
- Le gâteau à la broche : Petit gâteau, léger, pour digérer après une bonne assiette d'aligot. Ingrédients : 1 kg de farine, 1 kg de sucre, 24 œufs, 1 kg de beurre, 1 cuillerée à café de sel, 6 à 8 sachets de sucre vanillé, 2 paquets de levure et un verre de rhum. Cette recette n'est vraisemblablement pas aveyronnaise d'origine, au vu du nombre important d'ingrédients à fournir.
- La fouace : Pâtisserie culte. La fouace moderne tend à ressembler à une brioche. La vraie fouace, c'est comme une brioche, en dix fois plus dense. Accessoirement la fouace sert de prétexte pour déboucher du vin blanc. Car seul les plus vieux aveyronnais sont capables de manger la fouace "sèche".
- La pompe à l'huile : Cette recette s'apparente à une fine pâte composée de 80% d'huile, comme son nom l'indique, et qui aide à faire glisser les 20% de sucre qui vont avec.
- Le roquefort : Fromage qui pue d'entre les fromages qui puent. Conçu pour pouvoir boire un coup de Marcillac entre l'Aligot et le Gâteau à la broche.
- L'estofinade : Purée au
poisonpoisson. L'estofinade ressemble à la brandade en plus "lourd" (des patates, des œufs cuits et crus, du poissonpourriséché, de l'huile bouillante et de l'huile froide, du persil pour faire plus bio. Seul le vrai Aveyronnais (du nord ouest), pas celui de Paris, est capable d'ingurgiter des kilos d'estofinade par tous les temps. - Le respounchous, plante vivace qui pousse dans les bartas du monde entier et qui permet de distinguer l'Aveyronnais de l'homo sapiens mieux que la plaque d'immatriculation de sa voiture : quelqu'un qui ramasse les repountchous en Charente Maritime ou dans le Nord du Chili, c'est un Aveyronnais, il n'y a qu'eux qui mangent ça. Et quelques carmausins, c'est dire. Le respounchous, en français, se nomme tamier commun ou herbe aux femmes battues. Ce n'est pas une asperge sauvage, les asperges sauvages poussent dans le Tarn et le Lot mais pas en Aveyron, allez savoir pourquoi, peut-être parce que c'est meilleur. Le respounchous a une saveur amère et des vertus innombrables dont les deux principales sont d'être (à la rigueur) comestible -à condition d'être préalablement blanchi et additionné de lardons, œuf dur haché et arrosé de vinaigre chaud ayant servi à déglacer la poêle des lardons- et totalement gratuit. Mais on peut aussi en vendre sur le marché, au prix de la truffe ou du caviar. Il paraît qu'il y en a qui achètent.
- L'Entubade du Tarnais : spécialité aveyronnaise, qui consiste à inviter des gens à manger en leur demandant d'amener le repas (c'est moins cher).
- La Pascade, ça ressemble à une crêpe de 1 cm d'épaisseur. S'accompagne de sucre ou de confiture.
- La rissole : cousine germaine du chausson aux pommes, mais comme celui-ci est trop léger, on a remplacé les pommes par des pruneaux, et la pâte feuilletée par une bonne pâte brisée bien épaisse et compacte. Plus il y a de pâte sèche sur les bords, meilleur c'est.